Symphonie d'insomnie
Un orchestre nocturne naît quotidiennement.
Dans la nuit taciturne, il joue ses instruments.
Aucun n’est accordé.
Une berceuse grinçante succède, indécente, au silence sabordé.
La complainte spectrale d’un hibou souverain
accompagne le crincrin d’un criquet infernal.
Dans les feuilles, le vent passe pour saisir les ornières,
copiant les maracas et les flûtes traversières.
La maison participe en travaillant son bois
pas en rythme, par principe... (on ne sait pas pourquoi)
tandis que se dilatent en craquements métalliques
les quasi psychopathes convecteurs électriques.
Monte ensuite un solo, Lugubre dans l'allegro :
une chatte en chaleur fait le bébé qui pleure !
Dans ce concert résonne soudain la fausse note,
surgie du téléphone comme une blague idiote.
Et alors tout s’apaise : un instrument de choix
fait que les autres se taisent… C’est le chant de ta voix !